Considérations retranchées de l’abstrait! (suite)
Le simple jeu avec la langue ne suffit pas à faire de moi un poète! Un rêveur peut-être, mais pas un poète! Un rigolo de la semaine (nonobstant le Dimanche!) mais pas un féru des bonnes rimes étudiées telles qu’elles ont été enseignées aux étudiants sages et disciplinés: leur immobilisme convenu et respectable aurait fait d’eux des gens de talent tandis que dans mon monde parallèle, je n’aurais fait de moi, au travers ou grâce à mon ignorance, qu’un pître sans public, qu’un vagabond sans étoiles, qu’un soupçon de verbe vidé des connaissances qui sont nécessaires pour espérer en tirer une quelconque originalité.
Un pauvre sot en quelque sorte n’ayant pu supporter d’être ainsi qualifié!
Je ressens un profond écœurement que d’entendre toutes insinuations faites par mon entourage restreint et guère cultivé, n’ayant trouvé limites à l’incurie de son éducation que grâce à l’ironie mesquine et au mot de trop en mesure de me décarapaçonner...
Tentant ainsi d’abattre en moi l’ultime barricade derrière laquelle je veux me protéger mais qui, et là se trouve le secret de mes intentions cachées, lorsqu’elle se sera écroulée sans vrai combat, me laissera voir en entier...
Et peut-être qu’alors m’admirera-t-on sous un éclairage plus adapté à mes circonstances...
Entendu maintenant qu’ayant pris compte de mon laisser-aller, qu’ayant admis en moi d’entendre souffler le vent de ma propre liberté ce faisant, il m’apparait plus que normal de laisser traîner çà et là, sur mon couvre-pieds ou sur mon édredon, poèmes récents au pied desquels, je me doute qu’ils vont s’agenouiller sans arrière pensée, comme devant l’autel au d’autres ne manqueraient pas de se sacrifier!
(Novembre 1968)
Vue de la masse...
Vue du singulier !
(Je suis la vipérine, braves gens, c'est pas moi qu'on cultive et c'est pas moi qu'on met en gerbes...)