Ce soir venu, je me suis arrêté à Mureau, devant le petit pré ...
C'était vraiment dans une autre vie que l'on venait ici garder les vaches l'après-midi, au pré de Mureau, tout enfant, tout petit, sans souci ...
Tout n'était qu'herbe...
Au fond la petite rivière enfouie, courbée, était mystérieuse.
On pouvait y trouver des sangsues... ou des tortues.
Aujourd'hui c'est végétation d'abandon, de négligence, d'inutilité...
Prolifération roncière fermée, étouffante, agressive... Peu amène.
Ici était l'endroit, au dos du petit talus, où nous nous asseyions côte à côte pour apprendre à tresser des chaises et des tables avec le petit jonc vert qui lui n'a pas disparu... toujours les pieds dans l'eau.
Signe d'une vie toujours, on y voit la trace d'un passage pour animaux sauvages.
C'était le pré du foin que le père lancait dans la charette avec sa fourche...
Le pré de la charette où l'on montait dessus plonger dedans en riant...
La charette de bois qui craque au dos de Papillon, le vieux cheval blanc...
Ce rire si rare pour l'enfant, partagé un instant avec les autres...
C'était le pré du regain, ce petit foin d'été si doux au toucher, si léger, que tous les animaux de la ferme voulaient manger...
Oui... le Regain...
Pour que la Joie demeure encore un peu...
(souvenir de vieilles lectures)