Lanchester
Sten
Oui, j'ai été un peu vite l'autre jour, j'ai oublié un moment essentiel de mon histoire de temple et de l'usage qu'on a pu en faire!
De la guerre de France à la fin de celle d'Algérie, le grand bâtiment servit de cache d'armes à la résistance locale dont mon père était l'animateur, chez les FTP puis plus tard les FFI, sous les tuiles plates de Roumazières, juste au-dessus du lattis qui faisait plafond au temple. Un truc impossible à découvrir.
J'ai su ça très tard, bien après les évènements d'Algérie qui furent le déclencheur du désastre et qui poussa mon père et son ami Léonard (l'homme des porcheries) à se débarasser du trésor au fond d'un puits... Pour l'éternité, car il ne voulut jamais me dire où ...
Ah! ça, sur les faits de résistance, mon père n'était pas bavard... tout juste me dit-il un jour que la Légion d'Honneur il l'avait refusée, vu le nombre d'inconnus au maquis qui la recevaient... Aussi qu'à la fin des combats, comme il n'était pas trop marqué politiquement, il eût à se protéger et des "royalistes", et des communistes qui tous voulurent le dézinguer... Trop rouge pour les uns, pas assez pour les autres!
"... le type était là... à ma table... on buvait un coup... le pistolet posé au milieu tourné vers moi ..."
Et les armes !!! Prenez cet automatique Beretta: j'avais découvert le même dans le tiroir du bas de la grosse commode noire dans la chambre de mes parents... Mes petites mains de gamin de 10 ans avaient de la peine à le soulever, mais lorsque que les odieux voisins avec qui je jouais sans plaisir et qui une fois encore voulurent avoir le dessus sur moi me virent les pointer avec ce gros jouet, ils ne demandèrent pas leur reste, ils fuirent à toutes guibolles!
Mes parents revenus trop vite je ne pus le ramener sur son lit de mouchoirs blancs et le planquai sur une poutre du viel hangar à baures...(des fougères sèches qui servaient de litières aux vaches des pauvres).
Entre temps les gendarmes étaient venus à la maison pour savoir et vérifier sa présence, comme ils contrôlaient tous les anciens de la résistance qui avaient déclaré des armes et susceptibles d'être membres de l'OAS, ce que mon vieux n'était pas, bien au contraire.
Pas de pistolet !!! Il était fou !!!
Je ne dis rien...
Quand le tas de baures arriva à sa fin, il retrouva l'arme, rouillée...
J'vous dis pas l'engueulade!
A cette époque j'étais en 5ème au foutu Lycée de Barbezieux, et surtout j'étais devenu à l'insu de tous et de mes parents, une saloperie de cancre, de bon à rien, de mauvais élève, de tête à claques et, à 12 ans, je ramenais au lycée tous les bouts d'armes que j'avais trouvé dans le viel atelier, la "fournière", tous ces restes d'armes bricolées par les résistants avant que les anglais ne leur parachutent ces fameuses Sten et Lanchester qui, peut-être, avaient composé le stock du Temple.
C'était un jour un long canon de fusil de guerre tout piqué qui dépassait de mon sac à dos dans le bus... ce fut une autre fois le fameux automatique rouillé que, sot que j'étais, je prêtai au grand Tabariès qui ne me le rendit jamais...
Il est à noter que je fus évincé d'office et définitivement de l'enseignement laïque, démocratique et républicain, lorsqu'un mouchard (JL.Raynaud) me vendit au surget avec un simple poignard coupe papier... au motif que j'introduisais des armes dans l'enceinte de l'établissement ! Je ne fus épargné de la maison de correction que grâce à l'intervention du pasteur protestant qui intervint auprès du principal à principes à la con, qui voulait m'y envoyer d'office, en fils de pauvre désigné.
(Sarkozy n'a rien inventé, et la racaille de banlieue non plus)
La suite de cette histoire est déjà sur papier, et elle attend... (Si y'en a que ça intéresse!).
Les anciens résistants sont peu loquaces, c'est connu et mon père ne dépareilla pas le genre: je n'appris pas beaucoup de sa bouche... Malgré que l'entourage m'avait sans cesse répété plus ou moins directement qu'il n'avait été qu'un grand fainéant et que pendant qu'il allait au maquis, sa femme elle (la 1ére, la Jeanne, la belge !), allait au lit avec les prisonniers russes et allemands affectés au village, qu'en plus les "maquis" étaient tous des voleurs et des bons à rien qui dérobaient les stocks d'essence et autres chaudières de cuivre chez les bons français...
C'est très tard que je sus que le Beretta avait été récupéré sur le corps d'un officier allemand abattu lors d'une embuscade tendue sur la route de Bordeaux et que sous les "rasis" du temple avait dormi un trésor de guerre... qui échappa par la volonté de mon père à mon goût pour les armes que ces cons de profs de lycée firent naitre en moi, au lieu de m'instruire et m'offrir un avenir louable et non cette fuite en arrière incessante...
Même aujourd'hui, mitraillette en main, je sais pas si le plaisir de les dégommer enfin ne serait pas le plus fort !
Tacatacatacatacatacatacatac..... les profs....
(A suivre)