J’arrête pas de penser que si j’avais pu m’observer dans de bonnes conditions, en face et de très près, j’aurais été très étonné et très choqué de voir que j’étais resté ce nouveau-né encore balbutiant ne rêvant plus que d’une chose ici-bas: que passe près de lui le Géant aux grandes jambes effilées...
Que passe l’Immense, le Généreux dans toutes ses formes, l’Amoureux des grands principes, l’Offrant de tout ce qu’il pouvait donner...
Celui qui parcourait tout le pays sans perdre haleine, celui qui traversait sans se précipiter les plaines et les champs, les prés et les bois, qui faisait peu de cas de la géographie, qui sautait allègrement toutes les clôtures et toutes les haies, qui allait quelquefois contre le vent, mais qui gardait toujours l’oeil vigilant !
J’aurais été très interloqué de me savoir resté posté sur la piste du grand Messager porteur de la bonne nouvelle, celui qui m’aurait repéré tout de suite et vu alors où je me cachais....
Vu alors comme j’étais là, et bien là !
Celui qui, de son oeil pointu, regard acéré, n’y aurait vu que du Moi, tant je brillais autant que le diamant !
Aussi scintillant et aussi étincelant que tous les Argents de la terre ou comme confondu à un reste de pluie d’Etoiles filantes !
Avec une telle lumière en moi pour me savoir paraître de très loin et ne plus pouvoir me confondre d'un banal ver luisant !
Ah! Sans cesse rêver au Grand Arpenteur à la Foulée si parfaitement mesurée !
A l’enjambée mise au pas de la lieue où, préférant le moderne, frisant quasiment l’hectomètre !
S’en allant soit selon le temps d’avant le Siècle des Lumières ou soit au précipité des conquêtes de la Révolution sanguinolente, que m’importait alors ...
... mais pourvu qu’il fasse vite !
Extrait de: "Son Sventa" . Du même auteur .