Le poète que l'on double !
Oui, à droite, à gauche, sur la ligne blanche, à fond les ballons, en roulant comme un con ou sur la bande d'arrêt d'urgence ...
Je reçois tous les jours un texte envoyé par Poezibao, qu'en général après l'avoir survolé de mon regard d'aigle, je fous à la corbeille illico tant jamais aucun ne vaut d'être regardé à deux fois. Quelquefois on vous envoie un truc plus ancien et plus agréable comme ce Supervielle de l'avant-veille ... Juste pour relever le goût de temps à autre.
Ce matin-là je reçus ça:
Variation II
Lourd Latéral vit sur le marais dur,
coussin de prose,
friche dansée et longée
dans le souffle pesé.
Lourd Oblique,
Bœuf ancienne le vers.
Le v. trace le débris posé
avant la fleur tarbée.
Son, grain et navet abondent dans le trait.
La pré-ligne pèse.
Elle précède la terre. Ou le passé,
robe de plumes
que porte le bœuf poétiqué
sous le Questionnaire.
Car un Tordant juge la ligne.
Et le rendement.
Animal-Soc a un vent-manière
dans le chant de repiquage
qu’il est.
Philippe Beck, Boustrophes, Editor Pack,
éditions Texts & Crafts, 2011, sans pagination.
Vous avouerez qu'il n'y a pas de quoi peler un chat sauf que moi ça m'a pincé sur le côté, celui d'où je sens le mieux le temps qui m'a passé sans repasser deux ou trois fois tout en restant au même endroit. Ceci ne veut presque rien dire mais c'est fait exprès .
Je sais à peu près qui est l'auteur, Beck: un tranchot que les branchés de poésie contemporaine française se passent et se repassent les uns les autres en l'ornant à chaque fois d'un jet de crème blanche sucrée sensée en exhauster les qualités cachées.
Un maître à penser pour ces adorateurs en manque d'idoles !
Tout ce que j'avais pu en lire auparavant ne m'avait jamais paru avoir un quelconque intérêt en matière de poésie, et ainsi comme quand j'avais 15/16 ans j'en étais parfois devenu à me demander en quoi mon cerveau était déficient, quels en étaient les neurones absents ou que j'aurais perdu par négligence dans la grande forêt en tentant d'imiter le petit Poucet.
Or là, tout est différent, je comprends tout et, pire encore, je devine toute la bêtise et toute l'ignorance qu'il faut pour écrire de telles baveries pseudo poétiques. J'ai vécu et à la campagne de surcroît, et de voir cette scribouille s'ânonner le principe, en toute obtusité, avec des référents liés à la nature, aux arbres, aux plantes, à la terre sans que je puisse y déceler un lien métaphorique, une licence poétique vraie et acceptable, un brin de musicalité qui fait l'âme du poème, qui en est la charpente et l'utilité, le cuit chez le gastronome quand ici on a que le cru chez la bête primitive, le voir comme le publicitaire se servir d'un saupoudrage de l'air du temps pour un art du paraitre qui moque la vraie création, je ne peux qu'être vulgaire et méprisant à l'adresse de ce genre de texte qui ne mérite même pas qu'on s'y arrête !
Malheureusement je viens de le faire, je m'en excuse ...
Ce truc est un pur obscurantisme de circonstance: le public auquel il s'adresse est friand dans sa bêtise de ces bouts de goudron sale qu'il croit être une poëlée de cèpes nouveaux comme il en pousse aujourd'hui (!!!) mais qui ne sont qu'aveux d'impuissance poétique !
J'ai surligné tous les référents écologiques du texte, certifiés bio sans aucun doute !
Je ne critique en rien la forme du texte, mais uniquement le fond et "strictement" le vide qu'il me fait ressentir.
Sur le lien dessous, vous pouvez retrouver une intervention du mec au sujet de son associé en affaires, Di Manno, éditeur de son état et pour qui il est plus que nécessaire de venir cirer les pompes !
Je vous passe les formules éminement littéraires comme:
"Le déchiffrage sera l’énigme cédant du terrain. " ou:" au savoir de l’outil de langue"
Bref, je vous laisse le soin de lire cet immonde charabia de prof de lettres du dimanche après la messe, écrit uniquement pour faire le beau et l'intelligent devant un parterre de refusés à l'examen qui croient fermement en l'avenir de la poésie vu sous cet angle-là ...